Accueil Sport Hand – Après la défaite en finale de la CAN : Gerona sur un siège éjectable

Hand – Après la défaite en finale de la CAN : Gerona sur un siège éjectable


Les jours de l’Espagnol en Tunisie sont désormais comptés. Son successeur devrait être Tunisien.


Pour la petite histoire, il faut rappeler que nous étions les premiers à avoir contesté le recrutement de Toni Gerona et, plus tard, à avoir protesté, ici même encore, contre son maintien. C’est que ce technicien, avec tous nos respects et pour sa personne et pour son pays, n’était pas fait pour diriger une sélection nationale de la trempe de la Tunisie au passé prestigieux et à la vocation handballistique universellement reconnue.

A l’époque, on justifiait ce choix par des considérations «financières» rendues inévitables (un mal nécessaire?) par la politique d’austérité suivie, avec une rare détermination, par un ministère (celui de la Jeunesse et des Sports) victime d’ennuis budgétaires, au point de grignoter sur les budgets des fédérations, dont celle justement de handball qui a vu la subvention ministérielle annuelle chuter jusqu’à 30% pour avoisiner le seuil de 1,8 million de dinars, soit, tenez-vous bien, le même montant alloué par l’Etat égyptien, rien que pour la préparation des sélections de handball des catégories des cadets et des juniors ! Faut-il en rire ou en pleurer ?

Limité
Si nous étions, dès le départ, contre le recrutement de Gerona, ce n’était ni par solidarité avec les entraîneurs tunisiens ni par un… sentiment de xénophobie, mais tout simplement en connaissance de cause. Voilà un entraîneur dont l’ambition dans son pays n’avait pas dépassé le cadre des équipes des jeunes. Et dans un très grand pays de handball, tel l’Espagne, les techniciens émérites, on se les arrache. Mais lui, faute de job local, a préféré l’aventure, en allant tenter sa chance dans les pays des pétrodollars. Là où il s’est fait une raison. Or, les sacres qu’il avait engrangés au Qatar avec le club d’Al Jeïch ne devaient pas constituer une référence solide, puisque des entraîneurs tunisiens, tels que Thabet Mahfoudh, Sami Saïdi et surtout Chawki Jelliti ont beaucoup mieux fait que lui dans ce pays, en termes de titres.

Chanceux, Gerona sera, contre toute attente, recruté par notre fédération. Advienne que pourra! N’y avait-il plus de coach étrangers plus compétents sur le marché? Nos techniciens sont-ils incapables à ce point? Engager l’un d’entre eux n’aurait-il pas coûté trois fois rien, tout en garantissant des résultats meilleurs? Le plus révoltant est que Gerona n’a posé ses valises en Tunisie qu’après avoir «exigé» la désignation de son vieil ami et adjoint, Amor Khedhira, qui, tout le monde le sait, excelle plutôt comme préparateur physique! La «mascarade» se poursuivra avec le sacre africain ramené du Gabon en 2018, lorsque l’Espagnol commençait, la folie des grandeurs aidant, à se prendre pour le légendaire technicien français Claude Onesta, alors que ce sacre, preuve à l’appui, fut la seule œuvre des joueurs qui se sont battus, en cette finale contre l’Egypte, comme des lions, comptant beaucoup plus sur leur hargne et leur envie que sur les instructions de leur coach qui suivait, éberlué et impuissant, les extraordinaires exploits personnels de ses poulains révoltés.

En guise de récompense pour ce titre qui n’était pourtant pas le sien, Gerona, soudainement élevé au rang de… héros national par la grâce de ses joueurs, se verra, à la surprise générale, offrir le très luxueux cumul d’entraîneur de la sélection et d’un club français (Chartres). Cela fait deux salaires et c’est tant mieux pour son compte bancaire. Mais, là où le bât blesse, c’est lorsque toutes ces faveurs, témoins d’une notoriété pourtant trompeuse et d’un traitement spécial absolument royal, donnent l’effet contraire. La grosse déception de ce dimanche 26 janvier 2020 de triste mémoire est là pour le prouver. Ce jour-là, juste après cette finale humiliante, au milieu d’un camp tunisien triste, abattu et inconsolable, Gerona était visiblement le moins touché, moralement. Cachait-il bien son amertume? Pensait-il à ce moment-là que ses joueurs, son employeur (la fédération) et une partie de l’opinion publique lui donnent, comme a-t-il déjà senti qu’il est désormais sur un siège éjectable?

Oui pour l’école tunisienne
De toute façon, aux dernières nouvelles, ses jours sont comptés en Tunisie. Et nous parions même qu’il prépare déjà ses valises, même si selon son contrat, il aura encore à honorer l’ultime tour qualificatif aux JO Tokyo 2020 (TQO), prévu au mois d’avril prochain, et dans lequel, il faut avoir le courage de dire qu’on n’a pratiquement aucune chance, nos trois adversaires s’appelant, attachez vos ceintures, la France, la Croatie et le Portugal, tous largement supérieurs aux nôtres. Qu’il parte avant, ou qu’il reste, une chose est sûre : la recherche d’un successeur a commencé depuis lundi. Et là, de deux choses l’une : ou le ministère, payeur principal des sélectionneurs, accepte enfin d’injecter de l’argent pour le recrutement d’un grand entraîneur étranger, à l’instar de ce qui passe en Egypte. Ou alors, au nom de l’austérité et par souci de compression des dépenses, il faudrait opter pour l’école tunisienne.

Et c’est cette seconde hypothèse qu’on applaudit le plus, convaincus que nous sommes que le crû local est riche en contenu et pullule de techniciens de valeur à l’image de Sami Saïdi, Chawki Jelliti, Néjib Ben Thayer, Mohamed Messaoudi, Adnène Belhareth, Riadh Sanaâ et autres Thabet Mahfoudh, Anwer Ayed, Imed Ben Yahia, Hatem Boussoffara, Riadh Bédoui… Autant de compétences techniques qui ont fait leurs preuves, qui connaissent notre handball comme leurs poches et qui pourraient faire l’affaire, pourvu qu’on leur procure les meilleures conditions de travail et qu’on les laisse œuvrer en paix. En France, et dans la plupart des pays d’Europe porte-drapeau du handball dans le monde, on a toujours fait confiance aux nationaux, aux enfants du pays. Pas plus tard que samedi dernier, la Fédération française, qui… n’a jamais recruté un étranger pour ses sélections, a limogé le sélectionneur des Bleus, Didier Dinart, pour le remplacer par son adjoint Guillaume. Et cela a été toujours le cas depuis les années 80.

Mohsen ZRIBI

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